De Souillac à Rocamadour, trois vallées nous guident à travers les causses du Quercy. D'abord celle de la Dordogne ample et riante, aux méandres abritant hameaux et villages, labours soignés et noyeraies aux parcelles étirées jusqu'à une rivière indomptée. Le château de la Treyne, celui de Belcastel surveillant la confluence avec l'Ouysse ou plus en amont la maison forte du Bourgnou donne une tonalité épique au paysage. Perchés sur des rocs saillants, ces édifices témoignent qu'au Moyen-âge il est décisif de voir et d'être vu ! Les eaux vertes et lentes qui courent dans la vallée de l'Ouysse sont alimentées par des gouffres d'où ressurgissent des flots cachés dans les profondeurs calcaires. Des moulins s'installent ici dès le Moyen-âge ; celui de Cougnaguet toujours debout fonctionne encore. Passée la croix du Crouzol, on bascule dans le canyon de l'Alzou où, flanquée à une paroi minérale, la cité de Rocamadour – la roche majeure - parachève un édifice géologique cent fois millénaire.
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étape 26km
Souillac - Rocamadour
Les châteaux de la treyne
et de belcastel
Non loin de Souillac, après Pinsac, nous longeons une très belle demeure : le château de la Treyne. Surplombant la rivière, ce château du XIVème siècle a été très remanié. Il fut complètement incendié par les catholiques durant les guerres de Religion. Ses propriétaires le reconstruisirent, en abaissant le donjon et en y adjoignant un corps de logis terminé par une élégante tour ronde. Le château a appartenu à la famille des Cardaillac, puis au créateur de la marque FIX, spécialiste du placage or, Auguste Gabriel Savard, qui confia l'aménagement du parc au paysagiste Edouard André. Durant la seconde guerre mondiale, une partie des chefs d’œuvre du Louvre ont été entreposés ici. Depuis, le château a été transformé en hôtel et accueille régulièrement des manifestations culturelles et des expositions.
Tout aussi romantique et impressionnant, le château de Belcastel domine de 50 mètres le confluent de la Dordogne et de l’Ouysse. Cette demeure des XVème et XVIème siècle qui a connu de nombreuses modifications a une longue histoire, puisque la seigneurie existait dès le XIème siècle. Laissons derrière nous le site de Lacave connu pour ses grottes à concrétions, pour nous engager dans la vallée étroite de l’Ouysse.
la rivière
l'ouysse
La vallée de l’Ouysse prend sa source au nord du département du Lot, à Espeyroux, à 600 m d’altitude. Un réseau, très ramifié collecte les eaux du Ségala et du Limargue, jusqu’à la limite nord-est du causse de Gramat.
Son parcours devient ensuite souterrain. En surface, il ne subsiste alors que de vastes vallées sèches, et même des canyons, comme à Rocamadour. L’Ouysse ressurgit à Cabouy, sur la commune de Rocamadour pour se jeter dans la Dordogne. Attention c’est bien l’Alzou qui passe aux pieds de Rocamadour et pas l’Ouysse.
Le patrimoine bâti témoigne des activités qui avaient cours dans cette vallée aux siècles précédents. A la confluence de l’Ouysse et de la Dordogne, sur la commune de Lacave, le château de Belcastel est perché au bord de la falaise à 55m au-dessus de l’eau. Connu depuis le 10e siècle, l’édifice actuel comporte une habitation du début du 19e siècle incorporant un donjon du 15e siècle.
le moulin de cougnaget
Le long du chemin, le moulin de Cougnaget est le plus impressionnant. Construit au XIIeme siècle sur commande des moines de la Grange des Alix près de Rocamadour. Il a été fortifié au XVeme siècle comme en témoignent ses arches de fuites équipées de herses, ses ouvertures étroites et son passage à gué inondable. Après avoir été vendu à différents privés, il a fonctionné jusqu’en 1959 et se visite encore aujourd’hui.
La confluence entre l’Ouysse et l’Alzou est en face du moulin de Lapeyre en aval du moulin de Caoulet.
Plus loin, vous apercevrez les ruines de la grange de Saint-Sauveur. Elle compose l’une des seules traces d’habitation permanente dans cette partie de la vallée avec un logis, une grange-étable, un fournil et un four à pain. Sur les pechs aux alentours des murets de pierres sèche et de petits abris de bergers ponctuent encore le paysage.
La tour ruinée Castel Giroux, à la combe des fontaines pourrait être les vestiges d’un repaire d’une famille de petite noblesse, les Mandaval, qui au début du 12e siècle étaient vassaux des seigneurs de Gramat. Ce site a servi à la fabrication et à l’extraction de meules en brèche calcaire utilisées dans les moulins des vallées.
Au gouffre de Cabouy, il y avait une digue qui alimentait un moulin en fonctionnement du XIIIeme au XXeme siècle. Ce moulin était principalement utilisé pour la mouture des céréales.
La vallée de l’Ouysse et les résurgences Cabouy et Saint Sauveur
La vallée de l’Ouysse possède un patrimoine naturel exceptionnel partagé entre végétation des pelouses sèches typiques des Causses et une ripisylve préservée.
Elles témoignent d’une intense activité agricole, même dans les endroits les plus reculés et pauvres des vallées. L’Ouysse est une des rivières où la végétation aquatique est riche avec la présence de la lentille à trois lobes, du nénuphar jaune et du flûteau nageant. Cette flore préservée et la faible présence humaine sont propices aux oiseaux aquatiques comme le grèbe castagneux ou le canard colvert qu’il s’agit aujourd’hui de préserver en conservant leurs habitats. Le cincle plongeur et la loutre sont également présents dans l’Ouysse. Le hibou grand-duc, le faucon pèlerin et le circaète Jean-le-Blanc sont présent sur les deux vallées. Sur le causse se trouvent le lézard ocellé et l’œdicnème criard, oiseau emblématique des causses du Quercy.
Nous arrivons au terme de notre périple. Nous sommes entourés par les hautes falaises de la vallée de l’Alzou ; nos pas et le bout de notre bâton ferré résonnent sur le chemin pierreux ; dans quelques instants nous serons au pied du Grand Escalier menant au sanctuaire de Rocamadour.
Le Parc naturel régional Géoparc mondial UNESCO des Causses du Quercy
Posez-vous et respirez : vous êtes dans un espace préservé où se conjuguent nature, histoire et art de vivre. Une mosaïque de paysages préservés, des villages authentiques, une faune et une flore exceptionnelle vous attendent : ils révèlent une histoire humaine multimillénaire emprunte de nombreuses légendes.
Ici, la pierre est partout ! Elle a façonné l’identité des Causses du Quercy et y a dissimulé de véritables trésors. C’est un Géoparc mondial UNESCO, au patrimoine géologique internationalement reconnu, que vous allez découvrir : phosphatières, grottes et gouffres, architecture rurale typique avec murets de pierres sèches, caselles, gariottes, lavoirs-papillons… !
Il se caractérise par de grands plateaux calcaires couverts de pelouses sèches et de forêts de chênes pubescents, où l’eau travaille dans ses entrailles et de vallées verdoyantes aux hautes falaises. Du monde souterrain à la voûte céleste, chaque pas vous réservera une surprise. Le Parc naturel régional des Causses
rocamadour
Au coeur de la région du Quercy, Rocamadour est un village pittoresque et unique, perché sur une falaise et dominé par son château fort. Célèbre pour son sanctuaire consacré à la Vierge Noire et les reliques de saint Amadour, il attire depuis des siècles de nombreux pèlerins venus de toute l’Europe.
Ses ruelles étroites et ses maisons médiévales, ses portes fortifiées et son château en font un lieu chargé d’histoire et de spiritualité. La cité de Rocamadour est également reconnue pour ses nombreux restaurants proposant des spécialités locales, ses boutiques d’artisanat et ses sites naturels, tels que la vallée de l’Alzou, où vous pourrez admirer de superbes paysages.
Les histoires d'Amadour
METTEZ VOS PAS DANS LA LEGENDE
Au Moyen Age, des moines s’installèrent au beau milieu d’une plaine fréquentée par les sangliers, pour y construire une abbaye, celle de Souillac. Les vestiges remontés du tympan situés à l’intérieur de l’église abbatiale, représentent une histoire, celle de Théophile. Ce dernier était, selon la légende, économe de l'abbaye d'Adana en Asie mineure. Evincé de son poste par un nouvel évêque et réduit à la pauvreté, il finit par pactiser avec le diable pour retrouver sa charge. Rongé par le remords il se mit au jeûne et supplia Marie de lui venir en aide. La sainte Vierge réussit à reprendre le pacte au diable et rendit visite à Téophile dans ses rêves pour lui rendre le pacte maudit. Ce miracle, conté dans un poème médiéval de Rutebeuf fut la principale inspiration pour la légende de Faust.
La légende raconte que, pendant la guerre de Cent Ans, la jolie nièce de l’abbé de Souillac vivait au château de Pinsac. Quand le château fut attaqué par les Anglais, celle-ci prise de terreur, se serait jetée dans la rivière pour ne pas tomber aux mains des soldats. Mais comme elle ne savait pas nager, et qu’elle était emportée par le courant au milieu de la rivière, elle allait se noyer. C’est alors que se voyant perdue, elle aurait été comme « portée » par une force et ramenée comme par miracle jusqu’au rivage de la Dordogne. Alors celle-ci, fit construire une chapelle dédiée à Notre-Dame-de-la-Compassion à l’endroit où elle avait repris pied pour remercier la Sainte Vierge de lui avoir sauvé la vie. Cette chapelle fut appelée plus tard Notre-Dame du Port, choisie comme patronne de la corporation des mariniers. Elle fut rasée en 1812 lors de la construction du pont sur la Dordogne. En 1869, on aménagea un petit oratoire dans le rocher pour y reloger la piétà en pierre de la fin du XVème siècle . Jusque dans les années 1950 la paroisse y allait en procession, le 15 août pour une cérémonie traditionnelle.
Au pied du château de Belcastel, coule la belle rivière de l’Ouysse, écoutez l’étrange aventure arrivée au chevalier qui s’appelait Arnis. Alors qu’il chevauchait en sifflotant, une vieille « fatsilièra » (sorcière), à la peau noire et ridée l’arrêta en prenant son cheval par la bride. Cette ancienne « fée gauloise » voulait que le chevalier lui donne un baiser. Celui-ci, gentil, accepta, alors toute contente, la vieille sorcière à la peau noire lui offrit une magnifique turquoise en lui disant :
-Donne-la à la dame de tes pensées, le jour où tu seras en danger, la pierre pâlira et conduira ta mie, saine et sauve, là où tu seras-.
Le chevalier écouta la vieille sorcière et offrit la turquoise à son amoureuse qui s’appelait Gayette. Quelque temps plus tard, par une grosse chaleur de ce pays sec, celui-ci s’approcha et se désaltéra dans les eaux fraîches de la rivière de l’Ouysse. Il crut voir quelque chose dans l’eau, un visage, il s’approcha, et il fut soudainement attrapé et emporté au fond de l’eau ! Il se trouva au fond de la rivière au milieu d’ondines fort jolies et devant la plus belle de toutes qui siégeait sur un trône, la fée de l’Ouysse.
Celle-ci lui dit qu’il était son prisonnier et qu’elle voulait qu’il lui donne un baiser qui pourrait rompre le sortilège qui la maintenait ici au fond de l’eau. Mais le brave chevalier ne voulait pas trahir son amoureuse alors de colère, la fée l’enferma sous l’eau. C’est alors que la turquoise qui était au doigt de Gayette se mit à briller et l’amena également sous l’eau auprès de son chevalier. La fée en voyant l’autre femme, devint fort jalouse, il faut dire qu’elle avait déjà tué et noyé des hommes qui lui plaisaient et qui lui résistaient, alors elle enferma la jeune femme avec son chevalier.
Les deux amoureux essayèrent de s’enfuir mais la fée les rattrapa et alors que de colère elle s’avançait avec une lance sur le jeune chevalier pour le tuer, c’est son amoureuse, Gayette, qui se mit devant lui pour le défendre, alors surprise et attendrie par cette belle preuve d’amour, la fée lâcha sa lance et ne tua pas la jeune femme qui s’interposait. Le chevalier décida d’embrasser la fée pour la remercier d’avoir épargné son amoureuse, et la fée renvoya les deux amoureux libres sur les berges de la rivière.
HEBERGEMENTS
